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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 05:29

(jeudi 30 octobre)

 

 

A la gare de Chennai

 

                      Je suis a la gare de Chennai. Depuis 5h30 ce matin, nous avons marche le long des quais a la recherche d’enfants perdus ou abandonnes. Moonyapan et Sleis font ca tous les matins de 5h a 13h. Les enfants trouves sont ensuite amenes a un petit centre d’accueil de  Don Bosco a cote de la gare, ils y restent un ou plusieurs jours puis les garcons vont a Royapuram et les filles dans un autre centre, le temps de decider de ce qui est le mieux pour eux : d’abord, retrouver leurs parents ou quelqu’un de leur famille (c’est toujours la priorite, heureusement…). Cf l’article sur Don Bosco.


                    Les enfants trouves arrivent en general tres tot le matin. Ils viennent parfois de tres loin : Anda Pradesh, Assam,… donc ne parlent pas tous le Tamoul. Beaucoup parlent le Telugu, ce qui rend plus difficile la communication car ici, dans le Tamil Nadu, seul le Tamoul est parle. Les enfants sont obliges de descendre ici car c’est le terminus.


                   En general, Moonyapan et Sleis trouvent 1 a 3 enfants par matinee. Il faut avoir l’oeil attentif et regarder partout. Tout a l’heure, alors que nous arrivons a l’autre bout du train, Sleis apercoit un enfant qui suit un vieil homme comme si c’etait son pere… hummm… c’est forcement un enfant qui essaye de s’echapper au plus vite de la foule. A ma surprise, Sleis saisit le bras de l’enfant assez brutalement, l’enfant prend peur, le vieil homme nous dit par l’expression de son visage qu’en effet, ce n’est pas son enfant. L'homme sait bien que Sleis ne lui veut pas de mal, malgre son attitude un peu violente. Mais l’enfant se debat, crie, pleure, mord, si bien que Sleis doit etre de plus en plus ferme. De mes yeux d’occidentale, il parait tres violent, mais encore une fois, il faut que j’essaye de penser a l’indienne. Ici, c’est normal de frapper un enfant de cette facon. Difficile quand meme de trouver la limite entre ce qui est normal, dans la culture indienne, et ce qu’on n’accepterait pas en France. Si j’avais vu ca lors de mon 1er jour en Inde, ca m’aurait beaucoup plus choquee. Mais ici, tout le monde est un peu brutal avec les enfants meme pour des bonnes intentions : par exemple, si un bebe pleure, sa maman le met sur le ventre et lui donne des grosses tapes dans le dos, et l’enfant semble se sentir mieux !

                Pour en revenir a l’enfant trouve ce matin, Sleis finit par appeler quelqu’un car l’enfant se debat, fait semblant de s’evanouir, se releve, essaye de se sauver, continue a mordre… si bien que Sleis le laisse finalement libre et l’enfant ne demande pas son reste et part en courant. Que deviendra-t-il ?...

Je ne comprends pas pourquoi Sleis ne s’y est pas pris d’une facon un peu moins brutale pour mettre l’enfant en confiance…

Prakash, un enfant que j’ai connu a MKB Nagar, a ete trouve a la gare il y a quelques mois. Il a environ 5 ans. Moorty (le directeur de Royapuram) nous a raconte comment il a reussi a l’attirer jusqu’au petit centre d’accueil de Don Bosco pres de la gare : en posant des pieces tous les 100m… Des que Prakash ramassait la piece, Moorty en mettait une un peu plus loin, et ainsi de suite… Toutes les methodes sont bonnes a prendre !

Pour certains enfants, il suffit de leur parler simplement en leur proposant de les accueillir, et ils suivent sans probleme, car ils sont perdus et ne savent pas ou aller.

 

                  Donc pas d’enfant trouve ce matin… Capucine nous a rejoint et m’a remplacee a 8h, peut etre que leurs recherches ont ete plus fructueuses… J’en saurai plus tout a l’heure.

 

 

 

Suite des vacances : Pondichery

 

               Je prends le train de nuit ce soir pour Kottayam. Avant ca, il me reste a parler de la suite des super vacances que je viens de passer…

 

             Apres Mamalipuram, direction… la France !!! Eh oui, Pondichery est un territoire francais qui comporte 5 petits comptoirs en Inde (dont un au nord du Kerala). Les francais ont du le ceder en 1954, mais aujourd’hui, c’est encore un petit bout de France qui a un statut tres particulier. 10% de ses habitants ont la nationalite francaise, les noms de rue sont ecrits en francais : rue Dumas, rue Sufrein, rue Dupleix, rue Romain Roland,… On se croirait vraiment en France ! Seuls les rickshaws, les femmes en sari et les hommes en “jupe” (ce bout de tissu qu’ils enroulent par dessus leur short) nous rappellent que nous sommes en Inde.


              De Mamalipuram, pas moyen de trouver un bus pour Pondi, a cause de la grande fete de Diwali. J’attends un bout de temps avec Celine et David, un couple franco allemand avec qui j’ai bien
sympathise a Mamalipuram, mais le bus n’arrivant pas on fait un peu de stop et un 4x4 nous emmene pour pas trop cher, a condition qu’on trouve 9 personnes, ce qui n’est pas difficile ! Arrives a Pondi, nous voila le long de la mer sur la promenade des anglais… magnifique !!! Decidement, chaque ville reserve ses surprises !... Ces quelques jours ici promettent d’etre agreables… Lunch a la Coromandale (resto recommande par une francaise rencontre par un heureux hasard a Mamalipuram… le paper roast dosa etait delicieux en effet !).

 

 

Ah, Capucine est de retour avec Moonyapan, ils ont trouve 2 enfants.

 




(toujours jeudi 30 octobre)

 

                 Les quelques jours a Pondichery ont donc ete revigorants, on s’est fait plaisir sur les restos… Le reste du temps, ballade a velo, baignade, visites improvisees et rencontres surprenantes,… sous un beau ciel bleu.

















            Je suis aussi allee voir, avec une certaine emotion, la tombe de Julien Dequidt, frere de mon arriere grand-pere. Nous avons aussi retrouve avec grand plaisir Capucine, volontaire MEP envoyée à Point Cœur dans un village entre Kanchipuram et Mamalipuram. J’avais essayé de la contacter pour qu’on puisse se voir, mais elle n’avait pas vu mon mail et on s’est croisées par hasard là où on logeait… ah les coincidences du voyage !! Après les quelques jours à Pondichery, elle m’a emmenée dans le petit village où elle travaille, puis le lendemain, direction Chennai où je retrouve avec plaisir les enfants à MKB Nagar.            

            L’après-midi, retour à la basilique St Thomas pour l’escalader (notre activité favorite ces derniers jours… Capucine a comme moi une attirance pour tout ce qui se trouve en hauteur !).

















































 

 

 

 

 

 

 




              Le soir à Chennai, nous sommes invités tous les 3 à un dîner avec les collègues de Jean, français qui accueille Capucine pour quelques jours à Chennai. Il travaille à la BNP, qui n’existe à Chennai que depuis 2 mois… Dîner fort sympathique avec ses collègues (une 20aine, et dans quelques mois, ils devraient être plus de 100… la BNP vient de s’implanter à Chennai, c’est le tout début. La seule autre BNP en Inde se trouve à Bombay.).

 La Boulangerie
On n'en croit pas nos yeux :
des petits pains au chocolat,
chaussons aux pommes, eclairs !!! et meme des vraies baguettes ! Un regal.












                  Jean nous parle du père Ceyrac à qui il va régulièrement rendre visite, car il devient vieux. Il vit au Loyola College juste a côté ! J’ai justement emporté son livre avec moi, pour le lire quand j’aurai le temps. Pour ceux qui n’ont jamais entendu parler du pere Ceyrac, il s’agit de quelqu’un qui a vécu 30 en Inde. Il y a créé des écoles, des
fermes, a rencontré Gandhi, Nehru. Il a maintenant 94 ans.



Le pere Ceyrac

              Le lendemain, après notre passage à la gare à la recherche des enfants -dont j’ai parlé plus haut-, nous prenons un rickshaw direction Loyola College. Nous frappons à la porte de sa chambre, il nous accueille et après une discussion passionnante, nous ressortons de chez lui presque les larmes aux yeux tant l’émotion avec laquelle il nous a parlé était forte. C’est un homme extraordinaire. Le plus drôle, c’est que quand on lui demande ce qu’il a fait depuis qu’il est arrivé en Inde (en 1945), il nous répond tout naturellement qu’il n’a pas fait grand-chose (sans fausse modestie) ! C’est à leur humilité qu’on reconnaît les grands hommes ! Lorsque l’on évoque le jour de l’indépendance de l’Inde, il ne retient pas les larmes qui coulent du coin de ses yeux… Elles ne traduisent ni de la tristesse, ni de la nostalgie, mais elles font simplement ressurgir des émotions fortes et profondes qu’il a en lui. Je pourrais écrire plusieurs pages sur la discussion qu’on vient d’avoir avec lui, mais je ne vais pas commencer car j’ai bientôt mon train pour le Kerala. Denis a eu la bonne idée d’enregistrer toute la conversation, on n’en perdra donc pas une goutte ! Lorsque nous le quittons, il nous propose de rester et nous remercie même de notre visite ! Un homme extraordinaire.

 

 

En route pour Kottayam...

              Après un lunch à l’Alliance française, je quitte Capucine et Denis, direction MKB Nagar, pour boucler mon sac. Mon sac, je vais enfin le poser quelquepart demain ! Ca ne m’aurait pas déplu de voyager encore quelques mois… Mais bon, toute bonne chose a une fin ! Avant de prendre le train direction Kottayam, je vais refaire un saut au centre d’accueil Don Bosco près de la gare, pour éclaircir le mystère de la technique un peu trop violente à mon goût de Sleis ce matin (même si je n’ai aucun doute sur sa bonne volonté). J’aimerais savoir si ils procèdent souvent de cette manière, car malgré le fait qu’il faille apprendre à raisonner comme les indiens, il y a quand même des choses qu’on a du mal à comprendre et qui nous paraissent inacceptables en tant qu’occidentaux.


          Demain matin, Kottayam.
          Depuis le temps qu’on me parle du Kerala ! Depuis que je suis arrivée en Inde il y a un mois et demi, on m’a tellement dit que le Kerala est une province magnifique, avec des éléphants, des rizières, des backwaters, des gens accueillants… J’ai hâte de découvrir tout ça !!!

 

 

 

 

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